ANAE : numéro spécial sur la Psychomotricité

Publié le par ACFOS

La revue ANAE (Approche Neuropsychologique des Apprentissages chez l'Enfant) consacre son numéro 104/105 à la psychomotricité. Retrouvez ci-dessous un extrait de la préface rédigée par le Pr Laurence Vaivre Douret.

"Comme le disait Ajuriaguerra (Médecine et Hygiène, 521, 1961), "la symptomatologie dans une sémiologie neuropsychiatrique infantile doit être cherchée et valorisée par rapport à la chronologie, à l’évolution des symptômes dans le temps. C’est ainsi qu’elle peut prendre des valeurs soit physiologiques, soit pathologiques".

L’examen psychomoteur est une spécificité professionnelle et une démarche primordiale que l’on doit avoir devant un enfant consultant pour des troubles du développement et/ou des troubles d’apprentissage. Il complète l’examen psychologique (et de la personnalité), neuropsychologique et/ou orthophonique, permettant par là un diagnostic différentiel en fonction des états psychologiques ou psychopathologiques qui les sous-tendent.

Les symptômes psychomoteurs peuvent être semblables par leurs formes, mais être très divers quant à leurs significations d’un point de vue sémiologique et étiologique. En effet, il peut s’agir d’un retard de la maturation du système nerveux central comme Ajuriaguerra l’avait défini, d’un trouble lésionnel ou fonctionnel entraînant une désorganisation d’un système cérébral, ou d’une régression évolutive de ce système ou des systèmes cérébraux associés, ou bien d’une forme d’expression de symptômes d’origine psycho-affective ou psychosomatique plus ou moins liés à l’historicité de l’individu ou à son environnement.

Un bilan psychomoteur, à orientation neuro-psychomotrice, bien étayé avec des normes développementales, permet de lever cette ambiguïté d’expression du symptôme en le confrontant aux résultats de l’examen psychologique et psychoaffectif du patient. Il est important par ailleurs d’apprécier la part des troubles instrumentaux sur la personnalité de l’enfant et le rôle de l’évolution de l’organisation de la personnalité sur l’évolution de ces troubles.

Finalement, les troubles psychomoteurs oscillent entre le neurologique et le psychiatrique, comme le soulignait Ajuriaguerra en 1959, mais il s’agit, de nos jours, de ne pas dichotomiser cette oscillation vers le tout neurologique ou cognitif d’un côté et de l’autre le tout psychologique ou psychopathologique. En effet, on tend actuellement à comprendre les bases neurales au regard des connaissances cognitives, neuro-anatomiques, et de celles émanant de la psychologie, de la neuropsychologie et de la psychopathologie, qui permettent de compter dans le cadre de prises en charge, sur des réorganisations fonctionnelles des systèmes en lien avec la plasticité cérébrale mieux connue de nos jours.

La profession de psychomotricien est une profession d’avenir en constante évolution à tous les âges de la vie, et le bilan neuro-psychomoteur standardisé apparaît de plus en plus, en complémentarité de l’évaluation psychologique ou neuropsychologique, comme une entité indispensable pour comprendre l’organisation des systèmes sensoriels, moteurs, cognitifs et émotionnels. L’évaluation standardisée des différentes fonctions cérébrales ouvre de nouvelles voies en recherche clinique, de façon transdisciplinaire, de la génétique à la neuroradiologie en passant par la neuropédiatrie, la neuropsychologie et la pédopsychiatrie, contribuant ainsi à une meilleure sémiologie et à une démarche nosologique et étiologique plus efficace.

L. VAIVRE-DOURET

(extrait de l’Avant-Propos Anae N° 104/105)
anae@wanadoo.fr ; www.anae-revue.com

En lien : les Actes du colloque ACFOS VI "Surdité et Motricité" http://www.acfos.org/publication/acfos/sommaire_actes6.pdf 

Publié dans Sciences-Médecine

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